Helena Rubinstein – La collection de Madame
Jusqu’au 27 septembre 2020
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris 7e
Le musée du quai Branly expose une sélection de l’impressionnante collection d’arts primitifs de la self-made woman Helena Rubinstein, (1870/72 ? – 1965) à la tête d’un empire de cosmétique éponyme (groupe L’Oréal aujourd’hui). Et une des premières collectionneuses des arts africains et océaniens.
Au début du XXe siècle, le marché des arts extra-occidentaux commence juste à se développer, grâce à l’influence des artistes avant-gardistes qui s’en inspirent. Helena Rubinstein n’aura de cesse de proclamer la dette de l’art moderne envers les arts primitifs.
Le point de départ de cette exposition, organisée par Hélène Joubert (Responsable de l’Unité patrimoniale des collections Afrique du musée), a été l’analyse de la vente aux enchères de 1966 de la collection de Madame Rubinstein à New York. Les pièces étaient éparpillées aux quatre coins du monde. « Il a fallu les rassembler et les emprunter dans la limite du budget de l’expo », précise la commissaire, « ce qui a nécessité deux ans de travail. »
Soixante-cinq objets ont ainsi été rassemblés, principalement de l’art africain. Seuls quatre objets à la toute fin du parcours illustrent l’art du Mexique, du Pérou et de la Colombie Britannique.
L’ensemble est dominé par un regard visionnaire, audacieux pour l’époque, et pointu. Madame Rubinstein ne cherche pas à constituer une collection exhaustive des arts africains et océaniens mais fonctionne au coup de coeur et choisit des pièces rares qu’elle se plaît à être seule à posséder. En contrepartie, sa position de riche femme d’affaires a permis de rendre l’image des arts extra-européens plus positive aux Etats-Unis.
Comment cette serveuse de bar en Australie a-t-elle construit cette collection de plus de 350 lots d’objets, cédés pour 470.000 dollars en 1965 ? Dès 1935, Helena Rubinstein prêtait une dizaine d’oeuvres pour l’exposition « African Negro Art » au Museum of Modern Art, à New York.
Née Chaja Rubinstein, à Kazimierz (quartier juif de Cracovie) en Pologne, celle qui se fait appeler maintenant Helena Juliet Rubinstein émigre en l’Australie en 1896.
Entre 1901 et 1907, elle met au point la formule de sa première crème de soin, appelée Valaze, et fait aussitôt fortune. Elle crée le concept du salon de beauté. A Melbourne, puis dans le reste du pays, en Europe (Paris, Londres), et aux Etats-Unis. Elle lance le slogan « Beauty is Power ».
C’est le sculpteur Jacob Epstein qui l’initie au domaine de l’art. Elle fréquente les cercles intellectuels, les galeries d’art et les ventes publiques – notamment celle de la collection Fénix Fénéon (1947). Elle conservait ses plus belles pièces dans son hôtel particulier de l’île Saint Louis à Paris.
Elle appréciait tant ses oeuvres qu’elle voyageait avec certaines et les transportait d’une demeure à l’autre ! Elle aimait se faire prendre en photo avec, se mettre en scène devant son trésor.
Une collection qui force l’admiration, à découvrir !