Carte blanche
Jusqu’au 17 février 2020
Musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Le Musée Guimet donne carte blanche à l’artiste coréenne Min Jung-Yeon (née en 1979, vit en France) pour parer la Rotonde. Entre douceur et perte des repères, son oeuvre incarne la dualité de sa culture et de la situation géopolitique de son pays natal.
Min Jung-Yeon intègre les Beaux-Arts de Paris en 2006 et en fait sa ville de travail. Elle prend du recul par rapport à sa culture d’origine, tout en incorporant dans son art des données asiatiques essentielles comme l’acception des contraires qui fonde le taoïsme ou la puissance du chamanisme.
Parallèlement, la jeune femme découvre la puissance individuelle créatrice de Nietzche et la théorie du rhizome de G. Deleuze qu’elle traduit par l’usage de plumes se déployant de manière anarchique. Et qui laissent deviner un oiseau énorme mais dont on ne voit pas la totalité de la forme. « Comme lorsqu’on est sur terre, on n’aperçoit jamais la globalité de la planète », commente-t-elle dans un français presque parfait !
De fines bandes de papier blanches crayonnées au noir évoquent la forêt de bouleaux où Min Jung-Yeon jouait pendant son enfance. Jusqu’à ce qu’un homme l’y agresse. Ce traumatisme, cette rupture, sont symbolisés par des tuyaux métalliques qui sortent de nulle part et des miroirs mats qui cassent les repères.
Le visiteur circule entre les bandes de papier, entre le blanc et le noir, entre la poésie et la rugosité du fer, participant au processus de réconciliation dans la mémoire de l’artiste, au tissage des différents éléments de l’oeuvre. Sa démarche artistique fait écho aux premiers pas de réconciliation entre le Nord et le Sud de la Corée, pays scindé depuis 66 ans.
Une oeuvre poétique et troublante qui donne à voir un aperçu de la culture coréenne, trop peu connue encore.