Jusqu’au 25 août 2019
Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, Paris
Le musée Picasso Paris confronte l’oeuvre de l’artiste espagnol à celle du sculpteur américain Alexander Calder (1898-1976). L’exposition montre comment ces deux grands artistes ont, chacun à leur manière, traité la question du vide et défié le mouvement des masses.
Lorsque Alexander Calder quitte New York pour Paris en 1926, il se consacre à la sculpture en fil de fer. Une nouvelle forme de sculpture radicale, sans masse, dans laquelle les lignes expressives sont sculptées dans les vides.
Certains de ses premiers mobiles étaient motorisés, mais il a rapidement évolué vers d’autres possibilités – courants d’air, intervention humaine – et créé son premier mobile suspendu en 1932.
Picasso rencontre Calder lors de l’exposition de ce dernier à Paris, à la Galerie Percier (1931), où l’artiste dévoile pour la première fois ses sculptures non objectives. Deux des œuvres exposées à la Galerie Percier, Croisière et Sphérique I, sont accrochées dans la deuxième salle.
En 1929, la sculpture en fil de fer figurative d’Alexander Calder devient de plus en plus abstraite. Les détails spécifiques de la figure, comme dans Hercules and Lion (1928) et les portraits de Joséphine Baker (1928/30), s’amoindrissent. La dynamique du sujet devient sa préoccupation principale. Dans le Lanceur de poids (1929), aucune caractéristique n’est exprimée ; pourtant, l’action du lanceur est évidente.
« L’espace négatif qui entoure le fil de fer est plus important que le fil de fer proprement dit, défini par le geste d’une trajectoire invisible », commente Emilia Philippot, (conservatrice au Musée national Picasso-Paris), commissaire de l’exposition.
De son côté, Picasso réduit l’archétype du taureau à sa plus simple expression plastique, avec une selle de vélo et un guidon en guise de cornes (1942). Dans sa version graphique, en un mois et demi, l’artiste va réaliser onze états du taureau, dont le profil sera de plus en plus épuré.
Une confrontation pas systématiquement évidente dans chacune des salles mais l’ensemble de la sélection propose des sculptures radicales, qui défient l’espace par leur légèreté et leur puissance à la fois.