Jusqu’au 1er février 2009
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-et-conference-VISITE-GUIDEE-LE-MYSTERE-ET-L-ECLAT-VGMYS.htm]
Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur 75007, 9,50€
Jamais le musée d’Orsay n’avait encore exposé ses pastels. C’est chose faite avec « Le Mystère et l’Eclat » présentant au public 118 de ses 300 pastels. L’exposition traverse les principaux courants artistiques de la seconde moitié du XIXe siècle – le Réalisme, l’Impressionnisme, le Naturalisme et le Symbolisme. Autour notamment de Jean-François Millet (1814-1875), Edouart Manet (1832-1883), Edgar Degas (1834-1917) et Odile Redon (1840-1916). En somme, une belle leçon d’histoire de l’art…en images!
Le pastel est une poudre colorée solidifiée, réalisée à partir de pigments secs mélangés dans un peu d’eau pure à une charge (argile ou craie) et à un liant (gomme arabique). On obtient une pâte fine qui est essorée dans un linge avant d’être découpée encore humide en bâtonnets, qui seront séchés à l’air.
Les colorants naturels puis synthétiques permettent de varier les nuances – de la trentaine au XVIIIe siècle à un millier aujourd’hui.
Le pastel nécessite un support légèrement rugueux pour accrocher la matière. Mais l’adhésion de la poudre étant fragile, il faut mettre l’oeuvre sous verre pour la protéger, en dépit des fixatifs inventés au XVIIIe siècle.
Technique de coloriage à sec, le pastel relève d’abord de l’art du dessin. Il permet d’apporter de la couleur aux portraits à la pierre noire, à la sanguine ou à la pointe d’argent.
Progressivement, son emploi se généralise et Nicolas Dumonstier est reçu à l’Académie royale comme « peintre au pastel ».
C’est sous la Régence que cette technique devient un art à part entière, grâce au succès des portraits de la Vénitienne Rosalba Carriera (1674-1757). Jean-Etienne Liotard (1673-1753), Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), Jean Siméon Chardin (1699-1779) et Quentin de La Tour (1704-1788) lui donneront ses lettres de noblesse.
Les commanditaires – aristocrates et bourgeois – sont enchantés par leur portrait: effets de matière, rendu des carnations, psychologie…le pastel les flatte! Quant au peintre, il peut suspendre son travail et le retoucher à volonté.
Mais, la Révolution française raréfie les commandes privées et le néoclassicisme davidien met à l’honneur les héros virils de l’Antiquité. L’usage du pastel en pâtit.
Les Romantiques le remettent au goût du jour. Eugène Delacroix (1798-1863) utilise le pastel pour ses esquisses préparatoires. Eugène Boudin (1824-1898) y recourt pour son pouvoir à rendre les variations atmosphériques.
La création de la Société des pastellistes français en 1885 finit par assoir le succès du pastel en organisant des expositions uniquement consacrées à cette technique.
L’exposition du musée d’Orsay se poursuit avec la présentation des différents courants artistiques de la fin du XIXe siècle à nos jours (Jean-Michel Alberola, Sam Szafran) autour de peintres clés.
Le pastel confère aux oeuvres réalistes de Millet une tournure moins sévère, tandis que les portraits féminins de Manet dévoilent « une nature toute éprise d’élégance » (Paul Valéry au sujet du Portrait d’Irma Brunner, vers 1880-82).
Diderot commentera ainsi les oeuvres de Chardin: « C’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches à la toile ». Le pastel apporte de la fraîcheur aux oeuvres paysagistes des impressionnistes Boudin, Monet, Pissaro et Mary Cassatt.
Edgar Degas préfère pour sa part s’enfermer dans les coulisses des théâtres et de l’Opéra pour rendre le mouvement des danseuses. Ainsi que la femme dans sa réalité quotidienne, intime (femmes à leur toilette) ou laborieuse. Degas réalise plus de 700 toiles au pastel, technique qui répond à sa perpétuelle insatisfaction et lui permet de reprendre à l’infini son dessin.
Du côté des Symbolistes, qui veulent traduire non plus une sensation comme les Impressionnistes mais un sentiment – celui de leur vie intérieure troublée -, on retrouve Maurice Denis (1870-1943), William Degouve de Nuncques (1867-1935), Alphonse Mucha (1860-1939), Georges Desvallières (1861-1950), Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953). Et la spiritualité d’Odile Redon, empreinte d’une « ligne abstraite » comme la qualifie Philippe Saunier, commissaire de l’exposition.
Un parcours sans faute, qui met en valeur une technique rarement mise à l’honneur dans les expositions muséales.
très belle exposition qui redonne au pastel toutes ses lettres de noblesse
l’accrochage et les lumières sont particulièrement réussis
merci
J’au été émerveillé par toute cette splendeur. Je ne pouvais pas imaginer que les pastels pouvaient donner de telles images
Un pur moment de bonheur