La Monnaie de Paris accueille les 40 ans du Centre Pompidou
Jusqu’au 9 juillet 2017
Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, Paris 6e
Dans le cadre du 40e anniversaire du Centre Pompidou, qui organise des expositions dans 40 villes françaises, la Monnaie de Paris accueille une sélection d’oeuvres sur le thème de la sculpture mise à bas. Celle qui ne se dresse pas mais s’étend sur le sol.
« C’est une exposition modeste », introduit Bernard Blistène (directeur du Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle), à l’origine de cette thématique, « mais qui espère ouvrir de nouvelles pistes de réflexions pour des projets futurs ». L’endroit se prête particulièrement à la sculpture horizontale en raison des différences de matériaux des sols de la Monnaie de Paris (marbre, bois, etc.).
Le parcours revisite l’histoire de la sculpture à travers trois dates clefs.
En 1917, alors que Marcel Duchamp lutte pour accrocher un porte-manteau, il finit par l’abandonner par terre et, lui conférant le statut de ready-made, le nomme Trébuchet.
En 1939, Alberto Giacometti représente au sol une créature troublante, mi-animal mi-femme, écartelée (La Femme égorgée, 1939/40), qui semble victime d’une agression sexuelle. Traduisant en image l’idée de George Bataille selon laquelle « tout acte sexuel est la parodie d’un crime ».
Enfin, Yves Klein renverse la vision traditionnelle verticale de la peinture avec RP3, Ci-gît l’Espace (1960). L’artiste regroupe sur une plaque posée légèrement au-dessus du sol ses trois couleurs fétiches : l’or (la plaque), le bleu (couronne d’éponge), le rose (bouquet de roses artificielles). Il se fait photographier en-dessous, laissant juste dépasser sa tête.
Avant de découvrir ces trois oeuvres majeures (pour des questions de logistique), le visiteur est accueilli dans la plus grande salle par une installation de l’Américain James Lee Byars, profondément marqué par un séjour au Japon dans les années 1960. Red Angel of Marseille, perçu comme un autoportrait détaché de la matérialité du corps, représente une arabesque aux volutes symétriques, composée de 1.000 boules de verre d’un rouge transparent (conçues par le Centre International de recherches sur le verre et les arts plastiques de Marseille). La couleur rouge représente pour l’artiste l’immortalité et l’ensemble se conçoit comme une allégorie de sa quête de transcendance à travers ses oeuvres.
On découvre ensuite la confrontation des photos de Sophie Ristelhueber du désert où s’est échoué un obus lors de la guerre du Koweït (1992). Face au symbole de l’infini de Luciano Fabro. A force de le regarder, il donne l’impression de léviter, s’il n’était coupé par deux blocs de marbre. Gravité que l’on retrouve dans le rocher noir cadenassé de Tatiana Trouvé – poids céleste ? – qui semble être tombé sur Terre.
Autre oeuvre qui m’a marquée, Pittura pura, pura luce (Peinture pure lumière, 1968) de Claudio Parmiggiani est composée de pots d’épices et de pigments naturels et végétaux sélectionnés pour leur odeur et couleurs vives. L’intensité qui s’en dégage symbolise la dimension illusionniste de la peinture.
Avant d’atteindre la dernière salle où le visiteur doit piétiner le mot vivre, écrit au sol à la craie, pour aller lire une inscription apposée sur un cartel, participant ainsi à la destruction de l’oeuvre, on observe celle du Français Jean-Luc Vilmouth : un marteau entouré de milliers de clous qui suivent le tracé de sa silhouette, démultipliant sa forme, et de laquelle semble se dégager des ondes magnétiques.
Avec cette exposition, Camille Morineau (directrice des expositions et des collections à la Monnaie de Paris depuis janvier 2017) annonce les deux points forts qu’elle entend développer dans la programmation des expositions de l’institution : l’histoire de la sculpture et l’attention portée à la création des artistes femmes. C’était elle, déjà, qui avait mis en place, alors qu’elle travaillait au Musée national d’Art moderne, la présentation des collections par des artistes femmes (elles@centrepompidou.fr). A suivre !
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