Sepik

Vue de l'exposition © musée du quai Branly, photo Gautier DeblondeArts de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Jusqu’au 31 janvier 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-SEPIK-SEPIK.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée du quai Branly, Galerie Jardin, Paris 7e

Le musée du quai Branly présente le résultat des 35 dernières années de recherche sur les arts du Bas et du Moyen Sepik, le plus long cours d’eau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Situé au nord de l’île, le Sepik s’étend sur 1.126km avant de se jeter dans l’océan Pacifique. Son embouchure a été découverte par des Allemands, le capitaine Eduard Dallman et le naturaliste Otto Finsch, en 1886. Ce pourquoi nombre d’objets exposés proviennent du musée d’Ethnologie de Berlin.

Si l’Europe ne découvre la Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’au XIXe siècle (annexée par l’Allemagne en 1885), la vallée du Sepik abrite des populations depuis un millénaire avant notre ère.

Leurs sociétés se caractérisent par le fait que chaque objet est sculpté, gravé ou peint. Les motifs témoignent du lien des populations avec la nature ou incarnent les figures ancestrales, humaines ou animales (crocodile ou serpent).

Figurine © musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

Le parcours invite le visiteur à embarquer (symboliquement) sur deux immenses pirogues (car chaque membre d’une famille, même les jeunes enfants, possèdent sa propre pirogue) pour traverser un village traditionnel scindé en deux : espaces des femmes et maisons des hommes, qui sont en fait des lieux de cultes.

Les maisons des femmes réunissent des familles regroupées par clan. Elles sont ouvertes à tous (hommes, femmes, enfants, invités, amis). Les femmes y préparent à manger et fabriquent l’essentiel des biens qui seront échangés : vanneries, sacs en fibre, nasses, parfois poteries.

Statuette de femme debout © musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

« Ce double rôle, économique et nourricier, leur confère une certaine influence dans les villages », commente Philippe Peltier (conservateur général du patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale Océanie-Insulinde au musée du quai Branly), un des trois commissaires de l’exposition. [Mais!] leur rôle reste « limité dans les grandes cérémonies ».

Avant d’entrer dans les maisons des hommes, le visiteur découvre d’immenses crochets, qui servent de passage entre l’espace public et celui des hommes. Ils servent autant à suspendre des aliments que des biens précieux comme des crânes récoltés lors des chasses aux têtes.

Figure féminine aux jambes écartées © Linden-Museum Stuttgart, photo Ursula Didoni

L’architecture des maisons des hommes est conçue comme une métaphore du corps d’un ancêtre primordial, ancêtre masculin dans le Bas Sepik, ancêtre féminin dans le Moyen Sepik (ce qui est assez surprenant puisque les femmes n’ont que rarement accès à l’intérieur des maisons des hommes et sont donc non-initiées aux cultes). Les hommes y discutent des affaires de la communauté et fabriquent des objets rituels.

Parmi les rituels importants figure l’initiation des jeunes garçons. Selon la mythologie Sepik, les jeunes hommes sont avalés par l’ancêtre crocodile qui le recrache en homme. Une seconde naissance en quelque sorte, dont ils ne sortent pas indemnes puisque les dents du crocodile ont laissé des marques sur leur peau ; ce qui se traduit par d’importantes scarifications. Les garçons apprennent les mythes de leur culture, l’histoire de leur clan, et à jouer de la musique : flûtes en bambou – jamais montrées aux femmes et toujours jouées par paire – ou tambours à eaux.

Une fois initié, le jeune homme sort de l’enclos réservé aux initiés, moment qui incarne la manifestation réelle de l’ancêtre. Le parcours se termine ainsi sur les objets qui mettent en scène ce pouvoir de transformation (masques, parures).

Pendentif porté par les hommes © musée du quai Branly, photo Claude Germain

Les dernières oeuvres sont complexes à déchiffrer – même aux yeux des chercheurs ! – car l’ancêtre primordial est en constante métamorphose. « Pour un homme du Sepik une image est toujours en transformation ».

La scénographie est assez spectaculaire. D’une part par le cheminement que le visiteur est amené à faire (départ en pirogue, découverte des maisons qui mènent à l’acmé de l’exposition : les figures ancestrales, retour en pirogue). D’autre part car chacune des oeuvres est placée sous verre, comme si elles étaient des icônes à vénérer, ce qui augmente encore leur aura.

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