L’Amérique rêve son paradis polynésien
Jusqu’au 28 septembre 2014
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Visites-guidees-VISITE-GUIDEE-TIKI-POP-VGTIK.htm]
Musée du quai Branly, Mezzanine Est, Paris VII
Si je connaissais la figure du Tiki, j’étais loin d’imaginer que l’ancestral et mythique dieu Tiki avait fait l’objet d’un culte … matériel par les Américains des années 1950 et 1960 ! Le musée du quai Branly revient sur cette imagerie fantasmée des mers du Sud qui a donné lieu au courant « Tiki Pop ».
L’Amérique des années 1950 nage en plein « rêve américain ». C’est l’Amérique des héros de la Seconde Guerre mondiale et d’une industrie compétitive dont les biens sont exportés dans le monde entier. Revers de la médaille : l’Américain des classes moyennes, tout bien nourri et logé qu’il soit, a besoin de décompresser, au moins une fois par semaine.
Pour cela, il se réfugie dans les bars et restaurants qui évoquent les îles et leur vie qu’il imagine insouciante, peuplées de vahinés sexy.
Ce sont les écrivains comme Helmann Melville ou Pierre Loti et des artistes comme Gauguin qui ont instillé cette image du beachcomber (vagabond des plages), retourné à une vie primitive où tout est simple et l’amour sans contrainte. La musique et le cinéma prennent le relai (Marlon Brandon dans Mutiny on the Bounty, 1960).
Palmier, hutte indigène, pirogue guitare hawaïenne, ananas deviennent des images stéréotypées du rêve des mers du Sud. Puis la figure du Tiki prend l’ascendant. Tout devient à son effigie, du mug de cocktail à la salière/poivrière, de la statue d’entrée du bar au flacon de ketchup, de la boîte d’allumette au savon. L’architecture se met au style Tiki avec des « cabanes bambou » aux toits pointus, reflets des maisons des hommes traditionnelles de Mélanésie.
L’exposition présente ces objets usuels aux côtés d’oeuvres authentiques (sculpture Tekoteko Maori, bol Tonga) et de représentations architecturales reprenant le concept de la charpente en A.
Très bien mise en scène, l’exposition recrée l’ambiance à la fois kitsch et exotique de la vague Tiki, remise au goût du jour dans les années 1990. Elle s’accompagne d’un documentaire écrit et réalisé par Sylvain Bergère et d’ateliers de fabrications de leis (colliers traditionnels de feuilles et de fleurs tressés), de danses traditionnelles (hula, Ipu heke).
A voir aussi dans l’Atelier Martine Aublet (mezzanine centrale) : les affiches de propagande vietnamiennes autour du rôle des femmes, des années 1950 à 1980. Les affiches en sérigraphie et au pochoir sont toutes issues de la collection du Musée des femmes du Vietnam à Hanoï (jusqu’au 28 septembre 2014).