Jusqu’au 31 août 2014
Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, Paris IV
Françoise Huguier parcourt et capture notre monde. La Maison européenne de la Photographie revient sur les points forts de son oeuvre. Avec pour la première fois des photos de son retour au Cambodge, cinquante ans après avoir été enlevée par les Viet-Minh.
L’exposition commence par ce retour bouleversant au Cambodge. Portraits de femmes en noir et blanc. Comme si la couleur ne pouvait convenir à cette plongée intime. Comment photographier aujourd’hui sans réveiller le passé que l’on image douloureux ?
Les souvenirs sont d’ailleurs acculés dans un recoin de la salle. Des lettres d’époque témoignent de l’enlèvement de 1950. Françoise, 8 ans, et son frère vivent avec leurs parents dans une plantation coloniale. La fête bat son plein quand l’endroit est attaqué par les Viet-Minh et les deux enfants sont enlevés. Ils sont emmenés dans la jungle où ils resteront près d’un an. Finalement, les enfants seront rendus à leurs parents, un an après. Point d’orgue de ce petit recoin sentimentalement électrique : les vêtements portés par les enfants, dont la chemise blanche tachée de sang du petit frère de Françoise.
La visite se poursuit à l’étage avec des photographies des appartements communautaires de Saint-Petersbourg, des portraits de la jeunesse des classes moyennes de Bangkok, Singapour, Kuala Lumpur et Bandung. Un travail en couleur cette fois-ci qui met en avant l’influence de la culture populaire de la Corée du Sud.
Cette série K-Pop avec la série Hijab, où comment le hijab devient un phénomène de mode, illustrent l’évolution de ces sociétés idéologiques vers le consumérisme et l’apparence.
S’ensuivent des photos de Sibérie et du carnet de voyage de F. Huguier, de Dakar à Djibouti pour se conclure sur la série Secrètes où elle pénètre dans les chambres de femmes au Burkina et au Mali.
Sur une note plus légère, la photographe se met au défi de capturer des images décalées des fashion shows – conditions difficiles car un défilé dure seulement 15 minutes – pour mettre en valeur le savoir faire des ateliers.
Enfin, une petite chapelle recréée dans l’exposition présente la série Les Nonnes, inspirée de l’esthétique des images pieuses du missel de la grand-mère de l’artiste.
Une exposition à ne pas rater si vous ne connaissez pas encore cette femme des grands chemins, reconnue internationalement. Mais qui sait rester un électron libre.