Les Inquiets. Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari
Jusqu’au 19 mai 2008
Centre Pompidou, Espace 315, niveau 1, place Georges Pompidou 75004, 01 44 78 12 33, 10 à 12 € (billet valable pour le Musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions)
[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-et-Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-MUSEX.htm]
Dans son espace consacré à l’art contemporain, le Centre Pompidou présente les oeuvres de cinq artistes impliqués dans la gestion de la guerre au Moyen-Orient. Un art engagé qui procède du langage alternatif pour mieux discerner l’enjeu de la représentation médiatique du conflit. Décapant.
Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari ont en commun la volonté d’analyser comment les médias tronquent la narration du conflit au Moyen-Orient. Ils visent à relever le défi de la représentation de la guerre, en usant de leur propre vision subjective, pour en expliquer les causes et les origines.
D’où le titre de l’exposition qui reprend celui du roman de Leo Lipski, Niespokojni (Les Inquiets). Cet écrivain israélien d’origine polonaise relate comment des artistes avaient pressenti l’horreur imminente de la Seconde Guerre mondiale.
Dans cette exposition forte, deux oeuvres m’ont particulièrement marquées – la vidéo d’Omer Fast (né en 1972), The Casting (2007), et celle de Rabih Mroué (né en 1967), Three Posters (2003).
Dans The Casting, quatre vidéos se superposent, recto-verso. Deux d’entre elles montrent l’entretien que mène O. Fast avec un soldat américain, envoyé en Irak, chaque personnage occupant une vidéo. Tandis que de l’autre côté, l’histoire du soldat américain est mise en scène et est en même temps doublée de la narration de son amourette avec une jeune fille allemande. Un dernier niveau de narration intervient avec un groupe d’acteurs – casting qui semble fictif – interprétant le scénario.
Il faut pousser la curiosité plus loin que les deux premiers écrans présentés dans la salle – les visiteurs pensent initialement que les mêmes images sont diffusées au verso – pour prendre conscience des différents niveaux de lecture et des multiples récits qui s’interfèrent.
Rabih Mroué, quant à lui, se positionne simplement face à la caméra. Sa problématique questionne la représentation visuelle du suicide d’un martyr. A partir de bandes vidéo retrouvées dans les bureaux du Parti communiste libanais dans les années 1980, R. Mroué reconstitue le témoignage d’un martyr. Or, cette restitution sous forme de spectacle est déformée par la couverture qu’en fait la presse, en particulier les médias étrangers, qui ne connaissent pas les détails de la guerre civile libanaise. L’artiste pose alors la question de comment l’idéologie d’un combattant, initialement de gauche, devient celle des fondamentalistes islamistes? Quelle est la responsabilité des médias dans cette radicalisation ? Celle des partis politiques qui envoient des martyrs à la mort? Comment l’artiste peut-il vivre avec ça? Comment peut-il communiquer au public sa sensibilité, qui lui confère une lecture distancée des événements?
Un sujet d’actualité – le monde semble s’embraser de manière contagieuse… – traité de manière percutante, sans être provocateur. Le message passe d’autant mieux.
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