Jusqu’au 3 mars 2008
Centre Pompidou, Galerie Sud, Niveau 1, Place Georges Pompidou 75004, 01 44 78 12 33, 10€
Dans le cadre de l’anniversaire de ses trente ans, le Centre Pompidou rend hommage à l’un de ses concepteurs (avec Renzo Piano), Richard Rogers, qui vient de recevoir le Prix Pritzker. L’ensemble de son oeuvre, récompensée par ce prestigieux prix, est ici présentée à travers 1150m2 d’exposition, des débuts au sein de la Team 4 aux travaux récents (Terminal 4 de l’aéroport Barajas de Madrid), jusqu’aux projets en cours (tour Leadenhall à Londres). Edifiant!
L’exposition est naturellement conçue à l’image des concepts véhiculés par l’architecture de Richard Rogers et de ses associés. Neuf « îlots » véhiculent les thèmes majeurs d’une pensée associée au mouvement hich-tech et influencée par le constructivisme russe.
Les maîtres-mots récurrents de cette oeuvre s’articulent autour de la transparence, de la légèreté des structures, de la lisibilité (couleur chatoyante), du respect de l’environnement, et du service rendu aux usagers.
Influencé par sa ville natale (Florence), celle de sa résidence depuis des décennies (Londres) et, celle de ses études (Yale), sans oublier New York, Richard Rogers vise un urbanisme qui soit à la fois convivial et un lieu de socialisation pour le public. Tout en s’inscrivant dans le développement durable. C’est ainsi qu’il conçoit la ville du futur, explique-t-il en interview.
Cela passe par des piazza. Comme celle qui s’ouvre devant le Centre Pompidou ou celle à l’intérieur de l’exposition (démarquée par un carré rose au sol), qui permet de feuilleter le catalogue de l’exposition et de se reposer.
Et, par le service rendu aux usagers: musée (Centre Pompidou, Paris, 1971-77), centre commercial (88 Wood Street, Londres, 1993-98), chaîne de télévision (Channel 4 Television, Londres, 1990-94), banque (tour Lloyd, Londres, 1978-86), voire siège d’une institution internationale. Telle la Cour Européenne des Droits de l’Homme (Strasbourg, 1989-1995), qui doit être considérée comme un symbole, et non comme un simple monument.
Ou, au niveau national, le Palais de Justice de Bordeaux, qui se démarque par ses fûts de bois correspondant aux parois des salles d’audience.
L’architecture de Richard Rogers se caractérise par une structure recouverte d’une peau, la fluidité des formes (ou l’anti-monumentalisme), et la libéralisation de l’espace et des sols. D’où l’externalisation des équipements techniques (escaliers de secours, cabines d’ascenseur, gaines de climatisation, etc.) et une élévation des étages, cumulée à l’emploi du verre, pour capter le maximum de lumière naturelle. En ce sens, le Centre Pompidou portait en lui l’ensemble des concepts que Richard Rogers allait déveloper à l’avenir.
La pensée de R. Rogers nécessite le recours à des compétences techniques et d’ingénierie (notamment ceux de Peter Rice et Tom Barker) externes afin de pouvoir la mettre en pratique. L’architecte a développé une méthode de travail associant diverses compétences qui travaillent en synergie – architectes, ingénieurs, fabricants -, et rassemblées sous le terme de design community, rebaptisé en 1970 en Partnership.
Parmi les travaux en cours les plus fascinants de ce Parnership (regroupé depuis sous le titre de Agence Rogers Stirk Harbour + Partners) figure la tour Leadenhall (Londres, 2002-2011), qui vise à s’implanter comme le nouveau bâtiment phare de la skyline de la City. Pour concurrencer la tour de l’architecte Norman et Wendy Forster, auxquels étaient associés dans leur jeunesse R. Rogers et son épouse Su, au sein de la Team 4?! Cettre structure en verre dispose d’une base large qui se rétrécie au fur et à mesure qu’elle s’élève. Devant repose une piazza entourée d’espaces verts, à l’intérieur des espaces commerciaux animeront la vie de bureau.
L’exposition est agréablement conçue, tout en fluidité, permettant une visite d’un îlot à l’autre, l’intérêt du visiteur étant son seul fil conducteur. Chaque thème, annoncé par des néons suspendus, reprend la couleur de la table surlaquelle reposent les maquettes, pour un effet visuel clair et lumineux. Des films, des dessins, une frise chronologique permettent de reconstituer toute l’histoire de Richard Rogers, émigré italien dyslexique, qui a su créer une empreinte visuelle forte à travers le monde, en s’impégrant de la culture du self made man à l’anglaise.
Ping :Willem Sandberg: inventeur du musée moderne en Europe - Artscape: Art, Culture & Paris