Secrets d’ivoire

L’art des Lega d’Afrique centrale

Jusqu’au 26 janvier 2014

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-DROIT-D-ENTREE-AU-MUSEE-BRANL.htm

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Musée du quai Branly, Paris VII

 

« Croissant-de-la-lune, ceux qui sont loin le regardent avec respect ». Ce genre de proverbe lega, peuple d’Afrique centrale, réuni aujourd’hui au sein du Congo, associe des aphorismes à des objets rituels. Ces derniers font partie de la collection du physicien Jay T. Last, rassemblée au Fowler Museum (Los Angeles) et présentés actuellement au musée du quai Branly.

Le lien entre art et moral est récurrent sur le continent africain. Toutefois, les Lega en font un principe qui régit les codes de leur communauté. Beauté et bonté forment un couple indissociable, nommé busoga.

Les oeuvres, d’une facture particulière raffinée, sont le fondement des pratiques initiatiques au sein de la société bwami. Elles sont utilisées au cours de rituels alliant musique, danse, proverbes et rituels. Elles se composent de cuillères, ceintures de cauris, colliers en dents de léopards (vraies ou sculptées), couvre-chefs, figurines anthropomorphes et zoomorphes en bois ou en ivoire (le blanc est synonyme d’intelligence), « masques » – ils sont rarement portés sur le visage mais fixés au bras ou brandis à la main -.

Ces objets permettent d’enseigner  les valeurs morales, sociales et politiques propres au peuple lega ; la société bwami apprend à ses membres que la sagesse et la connaissance sont une force.

Chaque membre de la communauté peut adhérer librement au bwami et peut choisir de gravir ou non les différents échelons. Peu atteignent le grade le plus élevé, le kindi. Seuls les initiés peuvent posséder des figurines humaines et ne sont visibles que lors des initiations.

L’exposition met en valeur les oeuvres par une scénographie épurée et des cartels pour comprendre chacune des oeuvres présentées, qui n’aurait aucun sens autrement pour le spectateur occidental, au-delà du plaisir contemplatif. Seule la dernière partie ne comporte pas de cartel. Car à l’image du dernier échelon à gravir pour atteindre le niveau lutumbo iwa kindi, l’initié est conduit par le maître devant plusieurs oeuvres, sans aucune parole ne soit échangée. La connaissance acquise durant sa vie d’enseignements doit lui permettre l’étude des objets et le sens de leurs agencements. Le regard que porte l’amateur d’art occidental sur une oeuvre est lui aussi le fruit d’expériences esthétiques faites au cours de sa vie.

Le catalogue de l’exposition, aux Editions Actes Sud, prolonge l’enseignement de cette exposition en présentant une large sélection d’objets lega appartenant à Jay T. Last, mis en parallèle avec les proverbes qui leur sont reliés. Illustrant ainsi la puissance du lien entre visuel et verbal dans l’art lega.

 

 

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