Jusqu’au 21 août 2016
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PAULA-MODERSOHN-BECKER-PAULA.htm]
Catalogue de l’exposition :
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 8e
Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris présente une rétrospective inédite consacrée à Paula Modersohn-Becker (1876-1907). Considérée comme une précurseur de l’expressionnisme allemand, cette artiste est largement méconnue en France.
Aucune oeuvre de cette artiste née à Dresde (Allemagne) et dont la carrière artistique dura peu – elle meurt prématurément d’une embolie pulmonaire à l’âge de 31 ans – ne se trouve dans les collections publiques françaises ! « C’était donc un défi que d’organiser cette exposition, reposant sur le prêt d’institutions étrangères », explique la commissaire, Julia Garimorth.
Le parcours, chronologique et thématique, met l’accent sur l’influence qu’ont exercé Paris et les avant-gardistes, sur la jeune allemande, habitant une communauté d’artistes au nord de Brême, Worpswede.
A ses débuts, Paula est marquée par le style réaliste des artistes de la communauté, dont Fritz Mackensen, Fritz Overbeck, Hans am Ende, Heinrich Vogeler et Otto Modersohn (son futur mari). Ils représentent des paysans à la vie simple, considérée comme pure car épargnée par la civilisation. Mais elle se sent étouffée par ce milieu masculin et aspire à ses propres recherches stylistiques.
Elle fait alors un premier séjour de plusieurs mois à Paris en 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle. Elle s’y rendra à nouveau en 1903, 1905, et 1906-1907. Chaque visite est l’occasion pour elle de s’affranchir des exigences du réalisme. Si les sujets qu’elle étudie reflète son époque (autoportraits, mère et enfant, paysages, natures mortes), sa façon de les traiter est novatrice.
Comme en atteste chaque section de l’exposition. De ses portraits d’enfants, aux regards graves, semblant avoir perdu leur innocence, à ses oeuvres de maturité qui témoignent de l’influence de Cézanne (représentation géométrique des formes), de Rodin (elle admire chez lui son « insouciance des conventions ») et de Gauguin (couleurs vives posées en aplats, formes réduites à l’essentiel pour faire ressortir une poésie intérieure). En passant par ses autoportraits ; elle est la première femme artiste à se représenter nue.
Autre personnalité qui a beaucoup joué dans sa quête artistique et réciproquement : le poète Rainer Maria Rilke, qui lui dédie Requiem pour une amie en 1907. « La trace d’un amour rétrospectif qui l’émouvait et le hantait », avancent Julia Garimorth et Marie Darrieussecq [écrivain et psychanalyste, qui a consacré une biographie à l’artiste, et est « conseillère littéraire de l’exposition » (!)].
Une citation qui résumerait l’artiste, selon Julia Garimorth, serait « Je crois que je vis intensément dans le présent » (1903, Lettre à sa tante). L’artiste dispose d’une grande capacité d’introspection – elle peint sans complaisance, représentant grandeur nature les anomalies physiques des corps – et a pour elle un atout : n’ayant vendu de son vivant que trois tableaux en dix ans, n’ayant exposé que rarement et toujours en groupe, elle n’avait à répondre à aucune commande et pouvait peindre comme elle le ressentait.
Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas été créative. L’exposition présente plus de 130 peintures et dessins. Une rare occasion de les découvrir car l’essentiel étant des détrempes sur cartons, les oeuvres sont très fragiles, et risquent de ne plus être exposées en dehors de leur lieu de conservation.