Jusqu’au 7 janvier 2008
Centre pompidou, Galerie 2, niveau 6, Place Georges Popidou 75004, 01 44 78 12 33, 10€ (gratuit tous les premiers dimanche du mois)
A l’image des correspondances entre oeuvres picturales organisées par le musée d’Orsay, le Centre Pompidou confronte les oeuvres cinématographiques de deux auteurs contemporains, marqués par leur indépendance, l’Espagnol Victor Erice et l’Iranien Abbas Kiarostami. Le résultat est étincellant.
Vous connaissez sûrement Abbas Kiarostami pour son film Le Goût de la cerise, primé (Palme d’Or) à Cannes en 1997. Deux ans plus tard, il reçoit le Grand Prix du Jury et le Prix de la critique internationale Fipresci pour Le Vent nous emportera (1999).
Victor Erice, quant à lui, a réalisé L’esprit de la Ruche, primé (Coquille d’Or du meilleur film) au Festival International de San Sebastian en 1973 et a reçu le Prix du Jury et de la critique internationale Fipresci pour Le Songe de la lumière (1992).
Après une première salle d’introduction qui présente les deux cinéastes (vidéo-filmés), et une courte biographie de chacun, le visiteur choisit d’entrer par le couloir de droite pour Victor Erenice ou de gauche pour Abbas Kiarostami.
Dans les deux cas, la salle qui suit offre un film d’Alain Bergala qui compare les deux filmographies qui vont suivre.
Victor Erice et Abbas Kiarostami ont pour point commun d’être nés à huit jours d’intervalle, respectivement le 30 juin 1940 et le 22 juin 1940, chacun dans un pays marqué par un contexte politique autoritaire – l’Espagne franquiste et le régime iranien. Enfin les deux auteurs partagent la même passion pour le cinéma, en particulier la première expérience de l’enfant face à la caméra.
L’exposition se poursuit de chaque côté par la présentation parallèle de la filmographie des auteurs. Mais aussi, la correspondance des cinéastes sur l’oeuvre de l’autre. Par exemple, V. Erice montre un instituteur projetant à ses élèves Où est la maison de mon ami? (1987) d’A. Kiarostami. A l’inverse, ce dernier filme un coing en référence au Songe de la Lumière. Les artistes correspondent ainsi par lettre interposée filmée – des « lettres vidéo » qui constituent le coeur de l’exposition.
Parallèlement, le visiteur découvre deux travaux séparés des cinéastes. Pour l’un, il s’agit des photographies d’A. Kiarostami, qui immortalisent des paysages, à l’instar de ses films s’attardant longuement sur le pittoresque de paysages dénudés, au style épuré. Pour l’autre, il s’agit de la présentation de tableaux du peintre espagnol contemporain, Antonio Garcia Lopez, mis en scène par Erice. Le contenu du tableau n’apparaît qu’après une introduction sonore, qui s’éteint progressivement pour laisser libre cours à la contemplation esthétique de l’oeuvre. Par ailleurs, Victor Erice a eu carte blanche pour présenter une vingtaine de films qui ont inspiré son oeuvre et qui ont trait avec l’enfance.
Le parcours de l’exposition, sur le principe de vases communicants afin de faire répondre la forme au fond, propose une dernière expérience: une forêt sans feuille, accompagnée d’un court texte d’A. Kiarostami, sur la poésie de ces fûts verticaux recouverts d’écorce d’arbre, mais dénués de toute végétation.
Une expérience cinématographique à la fois inédite et dans l’air du temps, bien pensée et astucieusement conçue, qui met en scène le talent de deux auteurs via un parcours symétrique et réversible. Afin de mieux s’imprégner de leur oeuvre artistiquement exigente.
A noter: une visite guidée de l’exposition a lieu chaque samedi à 15h et des débats rencontres sont organisés (pour plus d’information: rubrique « autour de l’événement » sur la page dédiée à Victor Erice/Abbas Kiarostami sur le site du musée).
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