Jusqu’au 18 septembre 2011
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Petit Palais, avenue Winston Churchill 75008
On connaissait Charlotte Perriand designer mais pas photographe. Le Petit Palais propose un nouvel éclairage sur le rôle qu’a joué la photographie dans son processus de création. Comme source d’inspiration autant comme élément constitutif de ses réalisations. Une première pour les années 1930.
Dès son entrée dans l’atelier de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret, en 1928, en tant qu’associée pour l’équipement intérieur de l’habitation et le mobilier, Charlotte Perriand (1903-1999) utilise la photographie comme support d’étude pour le dessin des meubles. Par la suite, elle y recourt pour trouver dans la nature – en particulier la montagne – des sources d’inspiration pour ses recherches de formes, de matérieux et d’aménagements d’espaces.
L’exposition du Petit Palais dévoile ainsi sa passion pour l’Art Brut. Les éléments naturels (silex, bûche de bois, rocher, vertèbre et arête de poisson, bréchet de poulet) et l’assemblage de métaux l’inspirent pour donner d’avantage de souplesse à ses créations. A contre-courant de l’esprit rationaliste des années 1920.
Rentrant de promenade avec Pierre Jeanneret, C. Perriand s’écrit: « nos sacs à dos étaient remplis de trésors: galets, bouts de godasses, bouts de bois troués, balais de crin roulés, ennoblis par la mer ». La designer partage ce goût pour les objets trouvés avec Fernand Léger, qui s’en inspire pour une série de dessins, exposés en parallèle. Des objets que Le Corbusier appelle « objets à réaction poétique », photographiés par Perriand avec autant de soin que s’il s’agissait de chefs-d’oeuvres plastiques. A partir de 1937, elle intègre ces tirages photographiques dans les plateaux de ses tables basses.
C. Perriand est la première designer à utiliser la photographie comme partie intégrante du mobilier ou comme élément de décor monumental. A l’image des avant-gardes européennes des années 1930, elle pratique le photomontage géant, notamment à l’époque du Front Populaire, exprimant ainsi son engagement politique (cf. la salle d’attente du Ministère de l’Agriculture, 1936).
L’exposition, comprenant 430 photos et 70 meubles, est scindée en deux scénographiquement. Une partie des oeuvres est présentée en résonnance avec les collections permanentes du musée, soit en accès libre. L’autre – dont une sélection de sa collection de meubles personnelle encore jamais montrés au public (comme le fauteuil pivotant ou la table extensible de son appartement de la rue Saint-Sulpice) – se trouve dans le hall Jacqueau (accès payant).
Une exposition riche, parfaite pour se cultiver au frais, dans la moiteur aoûtienne.